C’est le matin, j’écris
Des mots pris à la nuit
Le rêve déjà gris
De mes désirs pâlit
La nuit va se coucher
Taire sa nudité
Ses yeux lavés, séchés
Ont fini de couler
C’est le matin, je bois
Un café dans l’calva
Un clope dans la voix
La main compte six doigts
La nuit vient de larguer
Ce que j’ai pas cherché
Papillons égarés
D’un temps à remonter
C’est le matin, je vois
Mon père, sa grosse voix
Ses moustaches, sa loi
Sa main levée sur moi
La nuit vient de cracher
Des montagnes de baisers
Que j’ai jamais osé
Papa, te demander
C’est le matin, je pleure
La perte de ces heures
Qui contaient pour du beurre
L’histoire du bonheur
La nuit vient fredonner
Une folle envolée
Une brise effleurée
Au miroir effacée
C’est le matin, je vois
Un vieux gamin de bois
Le regard qui s’en va
Dans le brou d’une noix
La nuit va emporter
Tes mots de liberté
Dévalée des sommets
La nuit va t’emporter
C’est le matin, je meurs
A ta place et tu pleures
Dès l’aube la noirceur
Des premières lueurs
La nuit s’est en allée