vendredi 30 décembre 2016

En silence

Le silence pose sur la toile
Un pas de deux, un entre soi,
L’absence a revêtu le voile
Des amours qui n’existent pas
Passe sur mes désirs le râle
Du dernier souffle avant trépas
C’est mon coeur que le tien empale
Sur le pieu vide de tes draps

Douce violence de l’absence
Le fracas de l’indifférence
Trace un cercle intime, une danse
Que le temps efface en silence

Le chant des mondes et des merveilles
Que tu prenais pour des lanternes
Moi qui t’écrivais des soleils
Pauvre messie aux amours ternes 
Mes vers te tenaient en éveil
Avant que ton âme n’ensommeille
Les sentiments, toutes les veines
De mon cœur coulant dans ta peine

Douce violence de l’absence
Le fracas de l’indifférence
Trace un cercle intime, une danse
Que la mort efface en silence

Sur le mur vide de tes sens,
Je poste des mots alluvions
Qui rejoindront le fleuve errance
De cet amour, cet avorton
Tu m’avais donné la cadence
Chaque vers rimait à ton nom
Pesait mon coeur dans ta balance
Entre dire oui, entre dire non

Douce violence du silence
Le fracas ténu de l’absence
Du cercle intime de ta danse
M’efface dans l’indifférence

jeudi 29 décembre 2016

A marée basse...

Ils se retirent à marée basse
Emportent avec eux en silence
Des airs qui les suivent à la trace
Leurs mots de vie et de fracasse

Ils portent à nos bouches l’envie
De dir’ le sombre de la nuit
L’amour au rire des malheureux
La joie à l’ombre de leurs yeux

Ils quittent la vie, tristes cygnes
Ces albatros qui se résignent
Le temps d’un soir, une chanson
Qu’ils laissent sur nos paillassons

Ils disent la vie, le bordel
Ils nous feraient mêm’ croire au ciel
D’un autre monde, l’utopie
Et la liberté comme cri

C’est un peu de nous qu’ils emportent
Quand ils s’en vont claquant la porte
On dit d’eux qu’ils sont des poètes
Des fous, des amoureux en tête

Leur vie de mots et de fracasse
Emporte avec eux en silence
Ces airs qui les suivent à la trace
Ils se retirent à marée basse…

mardi 27 décembre 2016

Chimère

Parfois la chimère me prend
Guide ma voix aveugle et sourde
Et libre va comme un enfant
Vers la peur délicate et lourde
Que voile bien mal ton silence
J’entends le bruit de ton absence
Je te sais partout sur mes pas
Je sais que tu n’me quittes pas

Je vais sur des chemins d’hiver
Faits d’errances, de rêves et d’espoirs
Et ton chant enfante ma terre
Berce mes sanglots chaque soir
J’endors le vide tendrement
Je te serre mort mon bel amant
Que je sais partout sur mes pas
Qui sait que je n’te quitte pas

J’envoie des messages poèmes
Où mon cœur s’obstine à te dire
Combien j’aimerais que tu m’aimes
T’amuse-tu seulement à me lire ?
Te feras-tu enfin critique ?
Ou vas-tu m’écrire la musique
D’un je n’sais pas où vont tes pas
Je sais que tu n’me quittes pas

Je ne sais pas écrire sans toi
Sans toi, ce n’est pas le même rêve
Je ne vaux pas grand’chose tu vois
Et le temps passe tant que j’en crève
Je n’aurai plus bientôt les mots
Idiote d’entre les idiots
Qui ne sait pas où vont tes pas
Qui sait si tu n’me quittes pas ?

Je rends au vide mon histoire
Tu auras été clairvoyant
Sans doute aurais-tu pu y croire
Et défaire avec moi le temps
D’un printemps de givre et de sel
Je ne serai donc jamais celle
Qui savait où allait tes pas
Qui disait ne me quitte pas


dimanche 25 décembre 2016

Le bruit de la mer

Tu étais le bruit de la mer
Je n’avais de chair que ta voix
Des mots sans port d’âme et sans loi
Juste à l’endroit de mon envers

Tu étais la bouche à ma terre
Je n’avais d’hiver que tes bras
Je n’avais plus de toi que moi
Un chant libre à portée de vers

Tu étais ma voix dans le noir
Je touchais la peau de ton chant
Je le portais comme un enfant
Lâchais des étoiles dans le soir

Tu étais du soleil, l’hiver
Je suivais tes pas dans le froid
Je n’avais de mots que pour toi 
L’amour à faire et à défaire

Tu étais le froid du frisson
Je n’avais d’espoir que de croire
A tout ce qui ne peut se voir
A tout ce qui n’est qu’impression

Juste à l’endroit de mon envers
Je n’ai plus de chair que ta voix
Des mots sans corps, des mots sans toi
Tu étais le bruit de la mer



dimanche 18 décembre 2016

Tu me dirais

Tu me dirais, avec le temps
On repeint pas les sentiments
Au vin blanc
Tu me dirais qu’il ne faut pas,
Qu’on laisse pas sa vie comme ça,
Derrière soi…

Je te dirais que c’est le vent
Qui trompe le cœur des amants,
Simplement
Je te dirais, « tu sais parfois,
On marche à côté de ses pas. »
C’est comme ça…

Je te dirais n’importe quoi
Tu me diras « écoute moi »

Tu me dirais que toi aussi
Un soir d’hiver t’étais parti,
Dans la nuit
Je te dirais que c’est pas vrai
Qu’elle ne t’aurait jamais laissé,
T’en aller

Tu dirais c’que t’as jamais dit
Qu’les sentiments, on les oublie,
C’est ainsi
Qu’on enfouit vite les regrets
Que tu pouvais pas tout lâcher,
Nous quitter

Tu me diras n’importe quoi
Je dirais que je te crois pas 

Je te dirais tout’mes errances,
Mettrais mon cœur en transparence,
Mon silence
Qu’il ne suffit pas de vouloir,
Qu’l’amour ça s’accroche à l’espoir,
Au hasard

Je dirais la désespérance
De prendr’la vie à contresens,
L’impuissance
Qu’il faisait si noir dans le noir
Que j’ai fait mes bagages, ce soir,
Que je pars

Je te dirais n’importe quoi
Tu diras, va, mon enfant, va 

Tu me dirais, mais tu dis rien
Je m’accroche si fort à ta main,
À demain
Je te dirais, mais t’es plus là
T’emportes mon secret, Papa,
Avec toi


Si on s’en tenait là

Il y a encore deux ou trois mois
On échangeait d’un ton courtois
Un J’aime pour une chanson
On avait la même passion
Avec la plus simple intention
De s’parler sans plus de façon
Evoquer les vers en patois
D’un anarchiste, un mauvais gars

Mais voilà que « vous » me dit « tu »
Voilà que plus rien ne va plus
Hé dis, si on s’en tenait là ?
Si on restait chacun chez soi ?

Il y a encore un mois peut-être
On apprenait à se connaître
Un tchat pour évoquer nos peines
Des entre-mots, j’étais la reine
Venant à toi comme sirène
J’occupais doucement la scène
Passant de la parole au geste
J’t’envoyais des chansons d’Leprest

Mais voilà que tu me convies
A te retrouver à Paris
Hé dis, si on s’en tenait là ?
Si on restait chacun chez soi ?

Il y a encore quelques jours
Je t’annonçais non sans détours
Que j’avais pas eu ce boulot
Tu m’as envoyé quelques mots
Une chanson, un scénario
De réconfort, ça tient si chaud
Ça m’va cette chanson d’amour
De Ferré pour revoir le jour

Mais voilà que mon cœur s’enflamme
Et tout mon corps, toute mon âme
Hé dis, si on restait là ?
Si on rentrait chacun chez soi ?

Il y a encore quelques verres
J’étais comm’givre sur la mer
Au seuil délicieux de l’attente
J’t’écrivais des chansons brûlantes
T’envoyais une étoile filante
A mes mots d’femme, mes mots d’amante
Récitant même quelques vers
D’un inventaire à la Prévert
  
Mais voilà que tu te raidis
Quand je te dis, je t’aime, pardi !
Hé dis, on va en rester là !
On va rentrer chacun chez soi !

Il y a des matins de misère
Où l’on s’retrouve dans un désert
Tu ne commentes plus mes posts
Sur ta page, je n’suis plus d’tes hôtes
C’est le retour aux amours mortes
Quand l’espoir a claqué la porte
A une Passante, j’emprunte les vers,
De la chanson de Baudelaire
 …

 Mais voilà que te revoilà
Alors que j’ne t’attendais pas
J’ai besoin d’entendre ta voix…

C’est toi qu’appelle ou bien c’est moi ?


vendredi 16 décembre 2016

Ton absence

Ça vient dès le matin,
Ça a l’goût du chagrin
Embue les yeux de larmes
C’est même pas un drame
Juste une griffe au cœur
Qui va au seuil des heures
Réveiller le silence
Criant de ton absence

Ce sont mes yeux, mes mains
Qui refont le chemin
Accrochées au clavier
A relire les courriers
Qui nous faisaient amants
Un temps avant le temps
Un temps avant l’silence
Criant de ton absence

C’est ce rien, moindre rien
Un sms enfin
Qui me fait espérer
Que tu n’es pas fâché
Je te cherche partout
Ne me dis pas qu’tu t’fous
De briser le silence
Criant de ton absence

C’est d’la folie, le grain
Un t’aime à quatre mains
Sur le piano jetés
Une note, un baiser
Puis sauter dans un train
Et changer de destin
Taire enfin le silence
Criant de ton absence


Ça vient, c’est si lointain
C’est la trace au matin,
De nos amours rêvées
Sur l’ardoise, effacées…
Le soleil du matin
Chassé par le Marin
Me ramène au silence
Criant de ton absence 

L’Envie de te faire les poches

Dérive emportée par les flots
Je traverse le fleuve immense
Qui me ramènera bientôt
Aux mornes berges de l’enfance

Amarrée au même goulot
Je viens et desserre l’étau,
De tes rêves, de tes errances
Verser quelques gouttes garance

Avec l’envie d’te faire les poches
De glisser ma main doucement
Comme une source sous la roche
Je rejoindrai ton cœur d’enfant

Dérive emportée par l’amor
J’affole mon cœur, ta boussole
Qui guide mes doigts sur ton corps
Jusqu’au relief de tes atolls,

Au parloir de nos nuits d’alcool
Je viens, au creux de ton épaule,
Me blottir nue contre ton or
Verser quelques perles encore

Avec l’envie d’te faire les poches
De glisser ma main doucement
Comme une source sous la roche
Je rejoindrai ton cœur d’amant

Dérive emportée par l’Autan
Je sème une graine d’espoir
Qui me dispersera au vent,
Une étoile vers un trou noir,

Perdue dans l’alcôve du soir
D’un rêve échappé du hasard
Je viens ranimer le néant
Verser quelques gouttes de sang

Avec l’envie d’te faire les poches
De glisser ma main doucement
Comme une source sous la roche
Je rejoindrai ton cœur vivant



jeudi 15 décembre 2016

Les griffes de l’hiver

Les arbres, griffes de l’hiver,
Du ciel, accrochent les nuages
Dessinent un étrange voyage
Qui me fait penser à la mer,
J’avance sur un chemin de terre
Et quand j’approche du rivage
Soudain, c’est le monde à l’envers,
Le tableau devient ton visage

Le vent, engouffré dans la plaine,
Du froid se fait le porte-voix
Dresse des montagnes de laine
Entre ma peine et les frimas,
Je pense à la mauvaise graine
Que j’avais semée sur tes pas
Dans ma main accourait la tienne
Sous mon manteau, ‘y avait plus qu’toi

Ce paysage, c’est l’amour mort  
Ce paysage, c’est toi encore

Dis, si on r‘broussait le chemin,
Si on repartait à l’envers
Crois-tu que s’tairait le chagrin
Qu’on arriverait à défaire
De nos amours troubles les liens
Chacun r’tournant à ses affaires
Chacun dans son triste matin
La porte fermée à l’espère 

Dis, si on f’sait cette folie
Au rendez-vous, je s’rais en r’tard,
A vouloir être trop poli
T’en oublierais d’être bavard
J’aurais mis tout c’que j’ai d’joli
Un peu de rouge, un peu de fard
Tu auras l’air d’un fruit confit
Dans ce qui te tient de costard

Mais c’paysage est déjà mort
Déjà je te regrette encore 
 
Les arbres, griffes de l’hiver,
Du ciel, accrochent les nuages
Dessinent un étrange voyage
Qui me fait penser à la mer,
J’avance sur un chemin de terre
Et quand j’approche du rivage
Soudain, c’est le monde à l’envers,

L’amour se perd dans un orage    

mercredi 14 décembre 2016

Ciel de décembre

J’aime le ciel de décembre
Sa longue nuit, son voile
Qui étire au matin
Tout l’ambre des étoiles
Verse sur mon chagrin
Le goût amer des cendres

J’aime quand je te sens
Si près de moi, me semble
Que je bats dans ton sang
Que nos deux cœurs vont l’amble
Nos cœurs à l’unisens
Qu’ensemble on se ressemble

J’aime entendre ta voix
J’aime ce doux accent
Qui accroche à ton pas
Un peu de vent d’Autan
J’aime que tu ne voies pas
Combien je t’aime autant

J’aime, je t’aime tout court
Dans la nuit de décembre
J’aime que tes doigts gourds
Te ramènent à mon ambre
Te ramènent à l’amour
Jusqu’au lit de ma chambre

J’aime, je t’aime, j’aime
T’aimer, te soupçonner
De ne pas dire je t’aime
Par peur de retomber
Là où le vent essaime
Les cœurs abandonnés

lundi 12 décembre 2016

Il y avait une histoire…

Sur une île, quelque part
Il y avait une histoire
Qu’en avait plus que marre
De ces vilains canards
De tous ces racontars
Quand un petit têtard
Se change en nénuphar
Et tous les gros bobards
Des contes cabochards
Qui, dans la nuit, bien tard
La flanquaient au mitard
D’un terrible cafard

N’en faisant qu’à sa tête
Elle se fit une fête
De partir en goguette
A bord d’une goélette
Se tenant déjà prête
Coiffée d’une casquette
Sifflant une bluette
Elle attendit le fret
Qui l’emmènerait à Brest
Manger une galette
Tirer à l‘arbalète
Danser un pas de Sète

Quand arriva l’navire
Elle partit d’un grand rire
Rien qu’à l’idée de fuir
Ce qu’elle croyait le pire
Retrouvant le sourire,
Elle ne cessait de dire
Qu’elle allait enfin jouir
Du plus bel avenir
Etre le point de mire
De ses moindres désirs
Un monde à découvrir
Des hommes à éblouir

Quand elle mit pied à terre
C’était un grand désert
Pas de fleurs au parterre
Et pas grand chose à faire
N’était que de se taire
Devant ces militaires
Qui semaient la misère
Autour de l’hémisphère
Pour couvrir de lumière
Un petit roi sévère
Courant à l’éphémère
D’un règne délétère

Notre histoire en cadence
Cheminant son errance
Entreprend une danse
Pour contrer la démence
D’un monde à contre sens
Usant de sa science
Des contes pour l’enfance
Voilà qu’elle ensemence
De graines d’espérance
Cette terre sans défense
Mais, dans son ignorance,
Le monde s’en balance

Ce manque d’intérêt
Pour la belle liberté
La faisant déchanter
Elle s’enquit d’un voilier
Pouvant la ramener
Sur la terre enchantée
De son île étoilée
Là où les p’tits poucets
Même les chats bottés
Sont assez culottés
Pour, des hommes, changer
La sombre destinée.

vendredi 9 décembre 2016

Nos vies seront passées

Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt couchées
Rien de c’qu’on imaginait

Sur le chemin de fable
On avait mis du sable
La mer, aussi les vagues
Une fille qui drague
Ton nom en tour Eiffel
Lancé au bleu du ciel
Et nos rires, nos rires
C’était les pleurs du pire
Quand on se croyait beau
Et qu’du poids, d’un fardeau
On mettait en carafe
Le vin de nos chagrins

Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt pliées
Rien de c’qu’on imaginait

Au fond de nos cartables
Des mots d’amour jetables
Quelques mauvaises blagues
J’te passerai la bague
On montera au ciel
Pour une vie plus belle
Et nos dires, nos dires
C’était la peur du pire
Quand on s’croyait idiot
Et qu’de tous les gros mots
On faisait une farce
Ça ira mieux demain

Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt broyées
Rien de c’qu’on imaginait

Quand on passa à table
Y avait des morts affables
Qu’attendaient qu’on divague
Qu’on vide notre « bag »
Le cœur et puis le fiel
De nos âmes sans ailes
Et nos pires, nos pires
Quand on n’était pas beau
Le rire des salauds
Qui ont laissé la trace
Fait d’ta paume un poing
  
Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt lavées
Rien de c’qu’on imaginait

Quand on ira au diable
Il n’y aura plus de rab
Mais bien ce corps qui nargue
Une vie qui le largue
Les mots de l’essentiel
Sur un jeu de marelle
Et d’écrire, d’écrire
Qu’on avait été l’eau,
La source, le bateau
Que la marée efface
Du sable fait son grain

Nos vies seront passées
Sans que nos pas vissés
N’en aient jamais rien fait
Lavées, sitôt jetées

Tout c’qu’on imaginait…