jeudi 23 janvier 2020

Ma peine est nombreuse (n°1)


Coulées de l’âme
Les boues ruissellent
Charrient du fond
Des débris de surface

A la source mêlée
Le pur
L’impur.

Laisser par le temps décanter.

Puis, d’un doigt,
De l’eau claire effleurée,
Extraire le soleil.

samedi 4 février 2017

Horizontal et Vertical

Les mots sont d’un instant comme la vérité qui accroche le vent de nos regards floutés. Ils suspendent le temps, recueillent les baisers, puis rappellent aux amants le goût d’avoir été. Le vent est ce chaland qui s’en revient souffler au cœur adolescent les désirs oubliés. S’il ment fiévreusement aux âmes hébétées, c’est pour rendre aux vivants le rêve d’un été. L’été comme un mendiant à l’automne égaré, tendre et envahissant, aura tout emporté. Le goût d’après l’avant, les mains jamais croisées, les fluides jaillissants de deux corps libérés. Dans la plainte du vent qui porte les regrets, c’est une main qui pend aux mots de vérité. Aux regards d’un instant, les désirs déplacés battent furieusement nos pas sur le pavé. Ton chant était vivant. Il n’est plus que la plaie collée au pansement des songes écorchés. Mes mots étaient l’enfant de tes amours flouées, semées au vent d’Autan, avec toi dispersées.

Les mots sont d’un instant
Comme la vérité
Qui accroche le vent
De nos regards floutés
Ils suspendent le temps
Recueillent les baisers
Puis rappellent aux amants
Le goût d’avoir été

Le vent est ce chaland
Qui s’en revient souffler
Au cœur adolescent
Les désirs oubliés
S’il ment fiévreusement
Aux âmes hébétées
C’est pour rendre aux vivants
Le rêve d’un été

L’été comme un mendiant
À l’automne égaré
Tendre et envahissant
Aura tout emporté
Le goût d’après l’avant
Les mains jamais croisées
Les fluides jaillissants
De deux corps libérés

Dans la plainte du vent
Qui porte les regrets
C’est une main qui pend
Aux mots de vérité
Aux regards d’un instant
Les désirs déplacés
Battent furieusement
Nos pas sur le pavé

Ton chant était vivant
Il n’est plus que la plaie
Collée au pansement
Des songes écorchés
Mes mots étaient l’enfant
De tes amours flouées
Semées au vent d’Autan
Avec toi dispersées 

vendredi 3 février 2017

Mohair

On s’automne d’un pull mohair
On voit pas venir les frimas
On écrit des mails, des e-vers
On se replie, chacun sa soie
On attend encore le printemps
On fait du gringue à l’amandier
On boit la coulpe des amants
On guette l’enfant qu’on était

L’automne récoltait le bois mort
Craquait nos pas de feuilles rousses
Destinait l’espoir à l’export
Déroulait son tapis de mousse

L’hiver couvrit nos cœurs de pierres
Du feutre d’une pèlerine
Noya mon regard dans le verre
De ton reflet dans la vitrine

Le printemps naîtra d’une fleur
Ira d’un pas de nénuphar
Fleurir la sève et la sueur
Draguer l’étang de mon cafard

L’été couche le vent d’autan
Inonde les blés de lavande
Caresse le coeur des amants
Le rêve vient sans qu’on l’attende

On s’étonne d’un pull mohair
On voit pas venir les frimas
On écrit des mails, des hivers
On se replie, chacun chez soi
On attend encore le printemps
On fait du gringue à l’amandier
On boit la coulpe des amants
On guette l’enfant d’un été

mercredi 1 février 2017

Détour

J’aimerais qu’on se rencontre un jour
Quand il n’y aura plus de l’amour
Le moindre soleil dans ma cour
Rien de la fièvre qui m’enlace,
Quand mon cœur n’aura plus l’audace
De débusquer tes nuits, tes jours
Quand à mon chant tu seras sourd

J’aimerais qu’on s’embrasse et puis
Qu’on aille avec nos âmes en gris
Trinquer à la douce amitié
Étirer d’un trait le passé
Gommer la caresse infinie
De tes désirs pas vus, pas pris
Le rêve de tes amours enfoui

Il faudra taire l’imprudence
Réduire les amours au silence 
Et sans risquer de turbulences
Suivre la vie à contresens 

J’aimerais qu’on se parle encore
Quand il n’y aura plus de nos corps
Froissés, ni voix ni frôlement
Le moindre fil au firmament
Des étoiles dans un ciel mort,
Quand à mi-mot, ami amor
Je tairai que je t’aime encore

J’aimerais qu’on se regarde enfin
Quand ma main n’écrira plus rien
La moindre feuille à mon chagrin
Ce triste poème que je cueille,
Quand mes yeux vont encore au seuil
De coucher au creux de tes reins
Mon corps pour devenir le tien

Il faudra taire l’imprudence
Réduire les amours au silence 
Et sans risquer de turbulences
Suivre l’envie à contresens 

J’aimerais que tu m’aimes toujours
Quand il n’y aura plus de l’amour
Le moindre soupçon d’infidèle
Traîtrise à un autre cruelle,
Quand tu sauras que ma vie court
Après tes bras comme secours,
Toi seul empruntas le détour...

jeudi 26 janvier 2017

Fêlure

Tes yeux sont des chemins de fleuve
Qui conduisent jusqu’à la mer
Le torrent fou des amours neuves
Chant de lumière à l’estuaire
Sur ta voix qu’un silence abreuve
Le bouillon fade de mes vers
Échoue des mots de vague veuve
A la page des nuits solaires

Mon chant de folie, mon amour
Ma douce peine, ma fêlure
Mon âme après toi court toujours
Elle n’est qu’à quelques encablures
Du fer de ton gant de velours
Ma main glisse vers sa doublure
                               
L’oubli, dans un bruyant siphon
Engloutit les tristes matins
Épuise dans un tourbillon
Tout le delta de mon chagrin
Que restera-t-il de ton nom
Jeté aux embruns du marin ?
Ce peu de sel, quelques poissons
Pris au filet de mon fusain 

Mon chant de folie, mon amour
Ma douce peine, ma fêlure
Mon âme après toi court toujours
Elle n’est qu’à quelques encablures
De ta musique et juste autour
Ma main frôle sa chevelure

Mêlées aux déchets du rivage
Entre plastiques et mégots noirs
Y’a là nos amours sur la plage
Comme des rebuts à l’espoir
Des roseaux charriés au passage,
Des algues à l’odeur d’urinoir
Refluent l’amer et doux message
La fin des amours dérisoires

Mon chant de folie, mon amour
Ma douce peine, ma fêlure
Mon âme après toi court toujours
Elle n’est qu’à quelques embrasures
De ton cœur fermé dans sa tour
Ma main caresse son murmure

Dans mille ans, plus encore peut-être
Des enfants jouant dans le vent
Ramasseront comme une fête
Le fossile des amours d'antan
Un vieux galet, la silhouette
Du cœur égaré des amants
Qui n’avaient pas voulu connaître
La mer allant puis revenant

Mon chant de folie, mon amour
Ma douce peine, ma fêlure
Mon âme après toi court toujours
Elle n’est plus que l’égratignure
De ton rêve et quand vient le jour
Ma main esquisse sa griffure

samedi 21 janvier 2017

Glace sans tain

Le jour vient de ce rien
Rien de toi que je vois
Dans la glace sans tain
Où je retiens ta voix

Où tu vas quand je pars
Enfin te retrouver
Là où tu n’es nulle part
Là où tu n’es jamais

Mais bien là où je suis
Au sombre de ton ombre
La lumière à l’abri
Du soleil la pénombre

L’éclat contre ta peur
En vie et contre tout
Attentat au bonheur
Là où je vais partout

Te chercher sans espoir
Encore y croire un peu
Galerie des Beaux-arts
Ton regard dans les yeux

Ces yeux sourds de la nuit
Où partout je m’agite
A fracasser l’ennui
Ton couvert et mon gîte

La table le festin
Triste de nos silences
Avec ce jour sans fin
Cette fin d’espérance

La nuit vient de ce rien
Ce rien de toi sans moi
Dans la glace sans tain
C’est ma voix qui s’en va

Métrique

Déplier sans bruit le silence
Défroisser lentement la page
Douce à la vierge présence
Des doigts caresser le grammage

Chuchoter les mots dans la marge
Tracer à l’encre sympathique
L’indicible des nuits d’orage
Le volet central du triptyque

Ecrire d’invisibles répliques
Coucher la soie sur le cahier
Du séisme d’une critique
Gommer tout, même le papier

Les mots qu’on avait déroulés
Les sentiments inavouables
Le récit d’un toucher froissé
Mon cœur dans tes indésirables

Du poème frôler le galbe
Ne garder que l’origami
Oublier les désirs, la fable
Souffler les mots en confettis

Dépiauter, défaire le nid
Les fibres de papier, la trame
Écrite des amours enfuies
Mon âme de pourpre et de parme

Coucher à l’encre du vacarme
Ton indifférence artistique
Le chant de ta vie sans alarme
Toute occupée à sa métrique

jeudi 19 janvier 2017

Le chant des sirènes

Happée par le chant des sirènes
J’engloutis la vase et les algues
La pleine mer, la vaste plaine
Des songes que l’ivresse drague

La rumeur des nuits de silence
Montée des sourdes profondeurs
Comme lumière avant naissance
Dilue ma souffrance et ma peur

J’écume au bar de la mémoire
Des verres emplis à l’amertume
Aux vagues ressacs de l’espoir
A la mélancolies des brumes

J’avance sans aller où je vais
Je pose un vers, puis devant l’autre
Je me souviens que je t’aimais
Quand je t’avais rêvé un autre

Je bois le fiel de tes alcools
Je fixe tes yeux d’oiseau mort
Tu pleures quand je deviens folle
Au poison des tristes débords

Je laisse aller à la dérive
Le bonheur vers sa dilution
Je m’en irai sur d’autres rives
Inventer d’autres illusions

Qui des deux fuira le premier
Qui retiendra la main de l’autre ?
Nos coeurs dans le même panier
Iront désormais l’un sans l’autre

J’étais de ton chant la sirène
Filtrant les algues de ta vase
La lumière de ta coupe pleine
La fin de ton ivrogne extase

mardi 17 janvier 2017

Haute mer

Ce sont des rêves de haute mer
Qui mettent vos vies à l’épreuve
Fuyant l’immonde de la guerre
Un pays, une terre veuve

Agrippant la corde d’espoir
A vos émigrantes pensées
Vous tendez la main dans le noir
D'une eau vorace à vos apnées

Vos voix crissent sur la bouée
Accrochent des mots dans le vide
Se noient à la sueur glacée
D'un bateau gonflé de liquides 

Vous flottez comme poissons morts
Sur la face glacée de l’eau
Puis la mer engloutit vos corps
Avale vos rêves d’oiseaux

Je voudrais vous conduire à terre
Et sauver du sombre marasme
Ces hivers embarqués en mer
Épargner votre vie du drame

J’entends les cris d’une autre terre
Cadavre d’enfant sur la plage
Les survivants cherchent leur frère
La mort à présent n’a plus d’âge

Visage de sel crevassé
La bouche tordue à l’angoisse
De toute vie les yeux vidés
Comme le poisson de sa poisse

Quels ont été ses derniers mots
En quelle langue a-t-il prié
A quelle minute, quelle gorgée
Noyait-il mon humanité ?

Des hommes viennent ramasser
Sur la jetée le petit corps
Dans un camp de réfugiés
Qui veillera son âme encore ?

J’ai dans les yeux une méduse
Qui pétrifie tous les je t’aime
A vos souffrances mon cœur s’use
Je n’aurai écrit qu’un poème




samedi 14 janvier 2017

Manteau de reine

Le froid, étoffe d’engelure,
Du doigt délicat de la peine
Dépose en long manteau de reine
La soie douce de la rupture

L’hiver retient en son écrin
Des nymphes aux amours de cristal
Le reflet changeant des opales
Où vient se noyer le chagrin

La glace fissure les sens
De l’âme éclatée en morceaux
Comme des milliers de copeaux
Jetés au feu de l’espérance

La terre sous ses pattes gelées
Accroche d‘un pas de mésange
Le souvenir d’un rêve étrange
Les souffles tièdes de l’été

Le parfum d’anciennes amours
Les fenaisons et l’or des blés
Semés au vent fou du regret,
Puis oubliés quand vient le jour

La soie douce de la rupture
Du doigt délicat de la peine
Dépose un long manteau de reine
Étoffe effacée à l’épure


jeudi 12 janvier 2017

Mots de chair

Les mots sont chair, les mots sont sang
Ils disent le vrai de l’instant
Racontent l’or d’un corps vivant
Et l’âme au vent jamais ne ment

Toi qui pensais que cette histoire
Venait à moi comme un miroir
Toi qui n’auras pas voulu croire
Aux soleils de mon désespoir

Moi qui savais, toi qui voyais
Ton pas chanceler, hésiter
Vouloir la beauté éthérée
D’un amour jamais consumé

Toi qui allais parmi les tombes
Qui t’abritais derrière le nombre
Rassurant des femmes de l’ombre
Vibrantes au ciel de ta pénombre

Moi qui disais les mots du vrai
L’odeur, le goût et le toucher
La folie de se rencontrer
De frotter nos humanités

Toi qui t’es refermé chagrin
Quand je t’avais tendu la main
Pour mettre un terme, sonner la fin
De nos amours sans lendemain

Moi qui voulais pas déranger
Mais l’ayant fait m’en excusais
Toi qui voulus tout contrôler
Qui de ta vie m’a effacée

Toi à qui j’ai dit mon désir
De partir pour ne plus souffrir
Toi qui n’auras pas su me lire
Te voilà de nous deux le pire

Les mots sont de chair et de sang
La musique est un corps vivant
Ton âme qui le savait pourtant
A donc perdu son cœur d’enfant


mercredi 11 janvier 2017

Sur les lèvres

Ecrire être en apesanteur
Tendre sa main vers les étoiles
Embrasser toute la splendeur
De l’univers toucher le voile

La neige papier de vélin
Trace sur le sol éphémère
Des mots doux comme le crachin
Brises l’âme aux éclats de verre

A l’horreur des fleuves de sang
Aux crimes à la folie des hommes
L’orgueil furieux des impuissants
La bêtise pour tout axiome

Sentir au seuil de l’impossible
Communion de l’être et du dire
L’amour aux confins du risible
Et vouloir du meilleur le pire

Je t’ai perdu mon bel amant
Mais tu n’étais que le fantôme
De mon cœur pur ailes d’enfant
Le résidu de mes atomes

Plus rien en moi ni toi ne vibre
J’emboîte aux folles illusions
Le pas d’un Etre entier et libre
J’ai sur les lèvres une chanson

lundi 9 janvier 2017

Je ne suis pas...

je ne suis pas la main qui écrit
je suis le mot
je ne suis pas le doigt qui touche
je suis la peau
je ne suis pas la voix qui chante
je suis le chant
je ne suis pas l’œil qui regarde
je suis l’oiseau
je ne suis pas le mal qui ronge
je suis le cri
je ne suis pas la vie qui vient
je suis l’enfant
je suis le mot, je suis la peau, je suis le chant
je suis l’oiseau, le cri, l’enfant

mais sans toi je ne suis plus rien




dimanche 8 janvier 2017

Pattes d'oiseau

Des pattes d’oiseau sur la toile
En points de gouache, en impressions
Esquissent ton apparition
Un chant d’étoiles en diagonale

Je suis le fou, la perspective
Je suis l’étoffe et l’amie dont
Tu n’oseras pas dire le nom
Je suis de l’amour l’invective

Celle qui couche, qui encolle
Le subjectile de ma main
Et l’âme sur ton parchemin
Le cœur juste avant son envol

Tu viendras ma courbe, ma terre
Mon humanité, mon langage
Et qu’importe ma vie, ton âge
La sphère de ton hémisphère

Je suis l’entière de ta moitié
L’expression de l’or et du sel
La vive à ton universel
L’embryon de ta vérité

Je viens vers toi quand va le soir
Tu ne croiras pas au mystère…
A la lumière de l’univers
J’éteins ma fièvre dans le noir





samedi 7 janvier 2017

Velours

J’écris sur le fil du secret
J’aiguise mes mots sur ta peau
Je me construis comme un radeau
Sur l’amer des déjà noyés

Dès l’aube des premières sueurs
Aux vastes bleus de mon amour
Je viens coucher tout le velours
Des blessures vissées sur ta peur

Je suis toi une fois deux plus
Je suis ton désir et ta main
Le cal et le métacarpien
Je suis l’amour et puis pas plus

Je suis la lueur à ton front
Le chien qui lèche la gamelle
Le corps qui crie dans sa rebelle
Espérance de rébellion

Je vais d’un mot à l’autre vers
Ta nudité et tes mots tus
Fœtus de sentiments tenus
En laisse contre toute espère

Je suis, j’écris, je vais à l’aube
Pleurer que tu aimes m’aimer
Et puis enfin te décider
A coucher tes mots sur ma robe

Sur l’amer des presque noyés
Je me construis comme un radeau
J’aiguise mes mots sur ta peau
J’écris sur le fil du secret

vendredi 6 janvier 2017

Falaise

Entre toi et moi, il y a…
Tout un pluriel de différences
Au sortir de la parenthèse
J’étais au bord de la falaise
Je voulais mourir quand j’y pense
Et puis tu m’as ouvert les bras

Entre toi et moi, il y a…
Une mi-temps à l’existence
Et des sentiments qui se taisent
Je penche au bord de la falaise
Je cède à la vie, à l’urgence
L’espoir est ouvert à tes bras

Entre toi et moi, il y a…
Une étrange correspondance
Faite d’écueils et puis de braises
Je suis au bord de la falaise
Ne tient qu’à toi que je m’élance
Que tu m’accueilles dans tes bras

Entre toi et moi, il y a…
Tout le contraire du contresens
Un bonheur qui prendrait ses aises
Et qu’importe alors la falaise
Des souvenirs qui se balancent
Pendus aux branches de tes bras

Entre toi et moi, il y a…
Ce doux silence, cette balance
D’un quitte ou garde que l’on pèse
J’ai dans le cœur une falaise
Une décharge de souffrances
Tu prendras mon mal dans tes bras

Entre toi et moi, il  y a…
Tout un pluriel de délivrances
Et le livre d’une genèse
Je n’ai plus peur de la falaise
Je vole au vide et je m’élance
Je n’espère plus que tes bras

jeudi 5 janvier 2017

Léger

Il suffisait d’être léger
Aux chairs obscures de ton cri
Les corps prolongés de la nuit
Suspendaient du souffle le bruit
Des baisers qui s’ensommeillaient

L’amour était un oreiller
Sur le pailler des confidences
N’était plus qu’un lointain silence
Caresses sourdes de l’absence
Vide des désirs suppliés

Je mâchais des idées dans l'vent
De tes cheveux aux yeux si bleus
Aux veines envolées vers les cieux
Feuilles mortes montées en feu
D’un hiver lumineux et blanc

Et puis la neige a tout gommé
Le paysage et ton visage
Il n’y avait plus que ton visage
Et tes mots si doux et si sages
Suspendus à mon cœur griffé

Suis retournée me mettre au chaud
Une longue coulée de ciel
Venue de toi comme du miel
Voluptueuse immatérielle
M’avait rendu l’envie du beau

vendredi 30 décembre 2016

En silence

Le silence pose sur la toile
Un pas de deux, un entre soi,
L’absence a revêtu le voile
Des amours qui n’existent pas
Passe sur mes désirs le râle
Du dernier souffle avant trépas
C’est mon coeur que le tien empale
Sur le pieu vide de tes draps

Douce violence de l’absence
Le fracas de l’indifférence
Trace un cercle intime, une danse
Que le temps efface en silence

Le chant des mondes et des merveilles
Que tu prenais pour des lanternes
Moi qui t’écrivais des soleils
Pauvre messie aux amours ternes 
Mes vers te tenaient en éveil
Avant que ton âme n’ensommeille
Les sentiments, toutes les veines
De mon cœur coulant dans ta peine

Douce violence de l’absence
Le fracas de l’indifférence
Trace un cercle intime, une danse
Que la mort efface en silence

Sur le mur vide de tes sens,
Je poste des mots alluvions
Qui rejoindront le fleuve errance
De cet amour, cet avorton
Tu m’avais donné la cadence
Chaque vers rimait à ton nom
Pesait mon coeur dans ta balance
Entre dire oui, entre dire non

Douce violence du silence
Le fracas ténu de l’absence
Du cercle intime de ta danse
M’efface dans l’indifférence

jeudi 29 décembre 2016

A marée basse...

Ils se retirent à marée basse
Emportent avec eux en silence
Des airs qui les suivent à la trace
Leurs mots de vie et de fracasse

Ils portent à nos bouches l’envie
De dir’ le sombre de la nuit
L’amour au rire des malheureux
La joie à l’ombre de leurs yeux

Ils quittent la vie, tristes cygnes
Ces albatros qui se résignent
Le temps d’un soir, une chanson
Qu’ils laissent sur nos paillassons

Ils disent la vie, le bordel
Ils nous feraient mêm’ croire au ciel
D’un autre monde, l’utopie
Et la liberté comme cri

C’est un peu de nous qu’ils emportent
Quand ils s’en vont claquant la porte
On dit d’eux qu’ils sont des poètes
Des fous, des amoureux en tête

Leur vie de mots et de fracasse
Emporte avec eux en silence
Ces airs qui les suivent à la trace
Ils se retirent à marée basse…

mardi 27 décembre 2016

Chimère

Parfois la chimère me prend
Guide ma voix aveugle et sourde
Et libre va comme un enfant
Vers la peur délicate et lourde
Que voile bien mal ton silence
J’entends le bruit de ton absence
Je te sais partout sur mes pas
Je sais que tu n’me quittes pas

Je vais sur des chemins d’hiver
Faits d’errances, de rêves et d’espoirs
Et ton chant enfante ma terre
Berce mes sanglots chaque soir
J’endors le vide tendrement
Je te serre mort mon bel amant
Que je sais partout sur mes pas
Qui sait que je n’te quitte pas

J’envoie des messages poèmes
Où mon cœur s’obstine à te dire
Combien j’aimerais que tu m’aimes
T’amuse-tu seulement à me lire ?
Te feras-tu enfin critique ?
Ou vas-tu m’écrire la musique
D’un je n’sais pas où vont tes pas
Je sais que tu n’me quittes pas

Je ne sais pas écrire sans toi
Sans toi, ce n’est pas le même rêve
Je ne vaux pas grand’chose tu vois
Et le temps passe tant que j’en crève
Je n’aurai plus bientôt les mots
Idiote d’entre les idiots
Qui ne sait pas où vont tes pas
Qui sait si tu n’me quittes pas ?

Je rends au vide mon histoire
Tu auras été clairvoyant
Sans doute aurais-tu pu y croire
Et défaire avec moi le temps
D’un printemps de givre et de sel
Je ne serai donc jamais celle
Qui savait où allait tes pas
Qui disait ne me quitte pas


dimanche 25 décembre 2016

Le bruit de la mer

Tu étais le bruit de la mer
Je n’avais de chair que ta voix
Des mots sans port d’âme et sans loi
Juste à l’endroit de mon envers

Tu étais la bouche à ma terre
Je n’avais d’hiver que tes bras
Je n’avais plus de toi que moi
Un chant libre à portée de vers

Tu étais ma voix dans le noir
Je touchais la peau de ton chant
Je le portais comme un enfant
Lâchais des étoiles dans le soir

Tu étais du soleil, l’hiver
Je suivais tes pas dans le froid
Je n’avais de mots que pour toi 
L’amour à faire et à défaire

Tu étais le froid du frisson
Je n’avais d’espoir que de croire
A tout ce qui ne peut se voir
A tout ce qui n’est qu’impression

Juste à l’endroit de mon envers
Je n’ai plus de chair que ta voix
Des mots sans corps, des mots sans toi
Tu étais le bruit de la mer



dimanche 18 décembre 2016

Tu me dirais

Tu me dirais, avec le temps
On repeint pas les sentiments
Au vin blanc
Tu me dirais qu’il ne faut pas,
Qu’on laisse pas sa vie comme ça,
Derrière soi…

Je te dirais que c’est le vent
Qui trompe le cœur des amants,
Simplement
Je te dirais, « tu sais parfois,
On marche à côté de ses pas. »
C’est comme ça…

Je te dirais n’importe quoi
Tu me diras « écoute moi »

Tu me dirais que toi aussi
Un soir d’hiver t’étais parti,
Dans la nuit
Je te dirais que c’est pas vrai
Qu’elle ne t’aurait jamais laissé,
T’en aller

Tu dirais c’que t’as jamais dit
Qu’les sentiments, on les oublie,
C’est ainsi
Qu’on enfouit vite les regrets
Que tu pouvais pas tout lâcher,
Nous quitter

Tu me diras n’importe quoi
Je dirais que je te crois pas 

Je te dirais tout’mes errances,
Mettrais mon cœur en transparence,
Mon silence
Qu’il ne suffit pas de vouloir,
Qu’l’amour ça s’accroche à l’espoir,
Au hasard

Je dirais la désespérance
De prendr’la vie à contresens,
L’impuissance
Qu’il faisait si noir dans le noir
Que j’ai fait mes bagages, ce soir,
Que je pars

Je te dirais n’importe quoi
Tu diras, va, mon enfant, va 

Tu me dirais, mais tu dis rien
Je m’accroche si fort à ta main,
À demain
Je te dirais, mais t’es plus là
T’emportes mon secret, Papa,
Avec toi


Si on s’en tenait là

Il y a encore deux ou trois mois
On échangeait d’un ton courtois
Un J’aime pour une chanson
On avait la même passion
Avec la plus simple intention
De s’parler sans plus de façon
Evoquer les vers en patois
D’un anarchiste, un mauvais gars

Mais voilà que « vous » me dit « tu »
Voilà que plus rien ne va plus
Hé dis, si on s’en tenait là ?
Si on restait chacun chez soi ?

Il y a encore un mois peut-être
On apprenait à se connaître
Un tchat pour évoquer nos peines
Des entre-mots, j’étais la reine
Venant à toi comme sirène
J’occupais doucement la scène
Passant de la parole au geste
J’t’envoyais des chansons d’Leprest

Mais voilà que tu me convies
A te retrouver à Paris
Hé dis, si on s’en tenait là ?
Si on restait chacun chez soi ?

Il y a encore quelques jours
Je t’annonçais non sans détours
Que j’avais pas eu ce boulot
Tu m’as envoyé quelques mots
Une chanson, un scénario
De réconfort, ça tient si chaud
Ça m’va cette chanson d’amour
De Ferré pour revoir le jour

Mais voilà que mon cœur s’enflamme
Et tout mon corps, toute mon âme
Hé dis, si on restait là ?
Si on rentrait chacun chez soi ?

Il y a encore quelques verres
J’étais comm’givre sur la mer
Au seuil délicieux de l’attente
J’t’écrivais des chansons brûlantes
T’envoyais une étoile filante
A mes mots d’femme, mes mots d’amante
Récitant même quelques vers
D’un inventaire à la Prévert
  
Mais voilà que tu te raidis
Quand je te dis, je t’aime, pardi !
Hé dis, on va en rester là !
On va rentrer chacun chez soi !

Il y a des matins de misère
Où l’on s’retrouve dans un désert
Tu ne commentes plus mes posts
Sur ta page, je n’suis plus d’tes hôtes
C’est le retour aux amours mortes
Quand l’espoir a claqué la porte
A une Passante, j’emprunte les vers,
De la chanson de Baudelaire
 …

 Mais voilà que te revoilà
Alors que j’ne t’attendais pas
J’ai besoin d’entendre ta voix…

C’est toi qu’appelle ou bien c’est moi ?


vendredi 16 décembre 2016

Ton absence

Ça vient dès le matin,
Ça a l’goût du chagrin
Embue les yeux de larmes
C’est même pas un drame
Juste une griffe au cœur
Qui va au seuil des heures
Réveiller le silence
Criant de ton absence

Ce sont mes yeux, mes mains
Qui refont le chemin
Accrochées au clavier
A relire les courriers
Qui nous faisaient amants
Un temps avant le temps
Un temps avant l’silence
Criant de ton absence

C’est ce rien, moindre rien
Un sms enfin
Qui me fait espérer
Que tu n’es pas fâché
Je te cherche partout
Ne me dis pas qu’tu t’fous
De briser le silence
Criant de ton absence

C’est d’la folie, le grain
Un t’aime à quatre mains
Sur le piano jetés
Une note, un baiser
Puis sauter dans un train
Et changer de destin
Taire enfin le silence
Criant de ton absence


Ça vient, c’est si lointain
C’est la trace au matin,
De nos amours rêvées
Sur l’ardoise, effacées…
Le soleil du matin
Chassé par le Marin
Me ramène au silence
Criant de ton absence 

L’Envie de te faire les poches

Dérive emportée par les flots
Je traverse le fleuve immense
Qui me ramènera bientôt
Aux mornes berges de l’enfance

Amarrée au même goulot
Je viens et desserre l’étau,
De tes rêves, de tes errances
Verser quelques gouttes garance

Avec l’envie d’te faire les poches
De glisser ma main doucement
Comme une source sous la roche
Je rejoindrai ton cœur d’enfant

Dérive emportée par l’amor
J’affole mon cœur, ta boussole
Qui guide mes doigts sur ton corps
Jusqu’au relief de tes atolls,

Au parloir de nos nuits d’alcool
Je viens, au creux de ton épaule,
Me blottir nue contre ton or
Verser quelques perles encore

Avec l’envie d’te faire les poches
De glisser ma main doucement
Comme une source sous la roche
Je rejoindrai ton cœur d’amant

Dérive emportée par l’Autan
Je sème une graine d’espoir
Qui me dispersera au vent,
Une étoile vers un trou noir,

Perdue dans l’alcôve du soir
D’un rêve échappé du hasard
Je viens ranimer le néant
Verser quelques gouttes de sang

Avec l’envie d’te faire les poches
De glisser ma main doucement
Comme une source sous la roche
Je rejoindrai ton cœur vivant



jeudi 15 décembre 2016

Les griffes de l’hiver

Les arbres, griffes de l’hiver,
Du ciel, accrochent les nuages
Dessinent un étrange voyage
Qui me fait penser à la mer,
J’avance sur un chemin de terre
Et quand j’approche du rivage
Soudain, c’est le monde à l’envers,
Le tableau devient ton visage

Le vent, engouffré dans la plaine,
Du froid se fait le porte-voix
Dresse des montagnes de laine
Entre ma peine et les frimas,
Je pense à la mauvaise graine
Que j’avais semée sur tes pas
Dans ma main accourait la tienne
Sous mon manteau, ‘y avait plus qu’toi

Ce paysage, c’est l’amour mort  
Ce paysage, c’est toi encore

Dis, si on r‘broussait le chemin,
Si on repartait à l’envers
Crois-tu que s’tairait le chagrin
Qu’on arriverait à défaire
De nos amours troubles les liens
Chacun r’tournant à ses affaires
Chacun dans son triste matin
La porte fermée à l’espère 

Dis, si on f’sait cette folie
Au rendez-vous, je s’rais en r’tard,
A vouloir être trop poli
T’en oublierais d’être bavard
J’aurais mis tout c’que j’ai d’joli
Un peu de rouge, un peu de fard
Tu auras l’air d’un fruit confit
Dans ce qui te tient de costard

Mais c’paysage est déjà mort
Déjà je te regrette encore 
 
Les arbres, griffes de l’hiver,
Du ciel, accrochent les nuages
Dessinent un étrange voyage
Qui me fait penser à la mer,
J’avance sur un chemin de terre
Et quand j’approche du rivage
Soudain, c’est le monde à l’envers,

L’amour se perd dans un orage    

mercredi 14 décembre 2016

Ciel de décembre

J’aime le ciel de décembre
Sa longue nuit, son voile
Qui étire au matin
Tout l’ambre des étoiles
Verse sur mon chagrin
Le goût amer des cendres

J’aime quand je te sens
Si près de moi, me semble
Que je bats dans ton sang
Que nos deux cœurs vont l’amble
Nos cœurs à l’unisens
Qu’ensemble on se ressemble

J’aime entendre ta voix
J’aime ce doux accent
Qui accroche à ton pas
Un peu de vent d’Autan
J’aime que tu ne voies pas
Combien je t’aime autant

J’aime, je t’aime tout court
Dans la nuit de décembre
J’aime que tes doigts gourds
Te ramènent à mon ambre
Te ramènent à l’amour
Jusqu’au lit de ma chambre

J’aime, je t’aime, j’aime
T’aimer, te soupçonner
De ne pas dire je t’aime
Par peur de retomber
Là où le vent essaime
Les cœurs abandonnés

lundi 12 décembre 2016

Il y avait une histoire…

Sur une île, quelque part
Il y avait une histoire
Qu’en avait plus que marre
De ces vilains canards
De tous ces racontars
Quand un petit têtard
Se change en nénuphar
Et tous les gros bobards
Des contes cabochards
Qui, dans la nuit, bien tard
La flanquaient au mitard
D’un terrible cafard

N’en faisant qu’à sa tête
Elle se fit une fête
De partir en goguette
A bord d’une goélette
Se tenant déjà prête
Coiffée d’une casquette
Sifflant une bluette
Elle attendit le fret
Qui l’emmènerait à Brest
Manger une galette
Tirer à l‘arbalète
Danser un pas de Sète

Quand arriva l’navire
Elle partit d’un grand rire
Rien qu’à l’idée de fuir
Ce qu’elle croyait le pire
Retrouvant le sourire,
Elle ne cessait de dire
Qu’elle allait enfin jouir
Du plus bel avenir
Etre le point de mire
De ses moindres désirs
Un monde à découvrir
Des hommes à éblouir

Quand elle mit pied à terre
C’était un grand désert
Pas de fleurs au parterre
Et pas grand chose à faire
N’était que de se taire
Devant ces militaires
Qui semaient la misère
Autour de l’hémisphère
Pour couvrir de lumière
Un petit roi sévère
Courant à l’éphémère
D’un règne délétère

Notre histoire en cadence
Cheminant son errance
Entreprend une danse
Pour contrer la démence
D’un monde à contre sens
Usant de sa science
Des contes pour l’enfance
Voilà qu’elle ensemence
De graines d’espérance
Cette terre sans défense
Mais, dans son ignorance,
Le monde s’en balance

Ce manque d’intérêt
Pour la belle liberté
La faisant déchanter
Elle s’enquit d’un voilier
Pouvant la ramener
Sur la terre enchantée
De son île étoilée
Là où les p’tits poucets
Même les chats bottés
Sont assez culottés
Pour, des hommes, changer
La sombre destinée.

vendredi 9 décembre 2016

Nos vies seront passées

Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt couchées
Rien de c’qu’on imaginait

Sur le chemin de fable
On avait mis du sable
La mer, aussi les vagues
Une fille qui drague
Ton nom en tour Eiffel
Lancé au bleu du ciel
Et nos rires, nos rires
C’était les pleurs du pire
Quand on se croyait beau
Et qu’du poids, d’un fardeau
On mettait en carafe
Le vin de nos chagrins

Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt pliées
Rien de c’qu’on imaginait

Au fond de nos cartables
Des mots d’amour jetables
Quelques mauvaises blagues
J’te passerai la bague
On montera au ciel
Pour une vie plus belle
Et nos dires, nos dires
C’était la peur du pire
Quand on s’croyait idiot
Et qu’de tous les gros mots
On faisait une farce
Ça ira mieux demain

Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt broyées
Rien de c’qu’on imaginait

Quand on passa à table
Y avait des morts affables
Qu’attendaient qu’on divague
Qu’on vide notre « bag »
Le cœur et puis le fiel
De nos âmes sans ailes
Et nos pires, nos pires
Quand on n’était pas beau
Le rire des salauds
Qui ont laissé la trace
Fait d’ta paume un poing
  
Nos vies seront passées
Sans qu’on n’en ait rien fait
Levées, sitôt lavées
Rien de c’qu’on imaginait

Quand on ira au diable
Il n’y aura plus de rab
Mais bien ce corps qui nargue
Une vie qui le largue
Les mots de l’essentiel
Sur un jeu de marelle
Et d’écrire, d’écrire
Qu’on avait été l’eau,
La source, le bateau
Que la marée efface
Du sable fait son grain

Nos vies seront passées
Sans que nos pas vissés
N’en aient jamais rien fait
Lavées, sitôt jetées

Tout c’qu’on imaginait…


mardi 21 janvier 2014

Des mots pris à la nuit

C’est le matin, j’écris
Des mots pris à la nuit
Le rêve déjà gris
De mes désirs pâlit

La nuit va se coucher
Taire sa nudité
Ses yeux lavés, séchés
Ont fini de couler

C’est le matin, je bois
Un café dans l’calva
Un clope dans la voix
La main compte six doigts

La nuit vient de larguer
Ce que j’ai pas cherché
Papillons égarés
D’un temps à remonter

C’est le matin, je vois
Mon père, sa grosse voix
Ses moustaches, sa loi
Sa main levée sur moi

La nuit vient de cracher
Des montagnes de baisers
Que j’ai jamais osé
Papa, te demander

C’est le matin, je pleure
La perte de ces heures
Qui contaient pour du beurre
L’histoire du bonheur

La nuit vient fredonner
Une folle envolée
Une brise effleurée
Au miroir effacée

C’est le matin, je vois
Un vieux gamin de bois
Le regard qui s’en va
Dans le brou d’une noix

La nuit va emporter
Tes mots de liberté
Dévalée des sommets
La nuit va t’emporter

C’est le matin, je meurs
A ta place et tu pleures
Dès l’aube la noirceur
Des premières lueurs

La nuit s’est en allée

mercredi 2 mai 2012

Portrait d'enfant : Mohamed


Mohamed
Il est rond.
Il fait le con.
En classe, tout le monde l’aime bien.
Lui pardonne.
De faire le con, de dire non.
Petite balle au bond.
Insaisissable petit bond en avant, de côté.
Il dit non pour les autres.
Une bille de flipper folle et désorientée.
En rade, sur sa chaise, il tangue et gesticule.
Se raccroche au bureau qui ne lui sert à rien. Rien qu’à se raccrocher.
Il n’a pas de cartable, pas de feuilles ni stylo.
Il n’a rien que ce rond, rond des yeux, de la bouche.
Dans sa bouche, un chewing-gum qu’on lui dit de cracher.
C’est une dent qui saute, roule sous la gencive et puis reprend sa place.
Ses mots sortent en boule, tout chargés de salive, de morve qu’il ravale. En riant.

On laisse s’échapper les mots de Mohamed.


Mohamed
Il est bleu.
Il fait le con.
En classe, le professeur l’aime bien.
Lui pardonne.
De faire le con, de dire non.
Petite balle au bond.
Insaisissable petit bond en avant, de côté.
Il dit non pour les autres.
Une boule d’amour folle et désorientée.
En rade, dans son cœur, il tangue et gesticule.
S’accroche au professeur qui ne lui sert à rien.
Rien qu’à se raccrocher.
Il n’a pas de maman, plus de père ni de sœur.
Il n’a rien que ce bleu, bleu des coups, sur la bouche.
Dans sa bouche, un chagrin qu’on lui dit de cracher.
C’est un père qui violente, roue de coups ses enfants et puis quitte sa place.
Ses mots sortent en boule, tout chargés de souffrance, de chagrin qu’il ravale. En riant.

On laisse s’échapper le cœur de Mohamed.

mardi 1 mai 2012

Portrait d'enfant : Georgia


Georgia.
Elle n’a pas le prénom de son âge.
Elle n’a pas le prénom de son visage.
Elle n’a pas encore choisi ce qu’elle serait plus tard.
Une fille, un garçon.
Des tiges brunes sans éclat tranchent à la verticale deux joues creuses.
Visage fin. Sans sourire.
Assortis aux cheveux, ses yeux bruns, sans éclat.
Georgia.
Son visage est une excuse.
- J’ai pas répondu aux questions parce que j’ai pas lu le livre.
- C’est parce qu’elle est dyslexique, Madame ! materne sa camarade de classe.
- Ah, oui, je comprends mieux alors… Mais pourquoi tu ne m’as rien dit au moment du contrôle ?
Un sourire sans sourire pince ses lèvres, refoule dans l’estomac la boule de papier mâché,
une tache d’encre bleue pour des mots qu’elle n’a pas pu écrire.
Sa culpabilité descend jusqu’en bas du ventre.
Pardon d’être dyslexique, d’avoir pas dit que j’étais dyslexique, d’avoir pas dit que j’avais pas lu le livre, que j’ai pas compris les questions.
Georgia.
Sa voix d’enfant sage.
Douce, de petite fille sans âge, sans visage, sans sexe, sans éclat.
Georgia, ta petite voix me rappelle d’autres visages d’enfants.
Georgia, petite morte.
Et moi qui ne sais pas te ramener à la vie.

dimanche 18 mars 2012

Doit-on ouvertement détester les cons ? Janvier 2012

Sans doute est-ce faire la preuve de sa propre connerie que de détester ouvertement les cons… Sans doute… Mais est-il possible de faire autrement ?
On peut toujours faire semblant de ne pas les détester et manifester à leur égard un respect feint et contraint. On adopte alors une attitude délibérée d’hypocrisie et de faux-semblants… 
On peut encore les ignorer, les éviter, nier leur existence même. On vit alors dans un grand désert peuplé d’êtres imaginaires ou recomposés de souvenirs mensongers… On peut enfin, à la Audiard, les mépriser verbalement, lâcher un « Je ne parle pas aux cons : ça les instruit ! »… On est alors en accord avec soi-même mais traité de con à son tour, détesté sans plus de façon, Or, c’est précisément à cause de ce corrélatif qu’on répugne à détester ouvertement les cons : on ne goûte pas la réciproque… Con, toi-même ! Alors quoi faire ?
Préciser sa pensée, clarifier ses propos, expliquer et convaincre l’autre de sa connerie tout en ne la nommant pas ? Surtout en ne la nommant pas !
Se souvenir qu’un con est une manière peu délicate de désigner le sexe de Manon, ce premier con érotique, accueillant, chaud et immense qui, comme une mer inexplorée, un jour, a englouti notre enfance ?
Se foutre de l’origine des mots ? Cette étymologie à la con nous ferait prendre les cavernes pour des messies ! Un con est un con, point.
La question de détester les cons ouvertement ou pas pose celle non moins complexe de l’étude de l’être en tant qu’être : le con identifié comme tel et selon une logique à la fois toute subjective et indéniable.
Cette réalité dissimule pourtant l’insaisissable de l’autre, cet être qui ne se montre jamais tel qu’il est, mais paraît et s’impose à nous seulement comme con. Ce con qui va mourir aussi… Demain peut-être ? Mais tôt ou tard, qui va mourir très sûrement. Moins con, le con. Humain, le con. Pas vraiment responsable, le con. Pas si con, le con.
Pauvreté du langage ou complexité du con ? Il n’en reste pas moins qu’il est jouissif de dire à un con qu’il est con… CON !





Les 13 déserts de Léon / Décembre 2011


Le nougat de son chapeau mou,
Sur ses cheveux filés de sucre,
Cerne d’amande la patte d’oie
Le fruit déguisé du sourcil :
Son regard d’anis étoilé…

Des larmes sucrées et glacées,
Sur ses joues en pomme d’amour,
Tracent sur le bois de sa bûche
Un nez bien rond comme un marron :
L’anis d’un regard étoilé…

Pompe à l’huile des souvenirs,
L’azur rissolé des Merveilles
Sur son menton en pain d’épices
Prend le sourire d’une orangette :
L’étoile d’un regard anisé…

J’ai mangé ton pain noir / Septembre 2011


J’ai mangé ton pain noir
Gobé tes yeux au cœur
Dans le mille d’une poire
Pour la soif une peur
J’ai goûté ton histoire
Croqué le sel, la fleur
Les mains s’en viennent boire
Volontiers au bonheur

Et si de la nuit pâle tu as fait des soleils
C’est qu’au creux de mes bras, tu cherchais le sommeil

J’ai craché ta mémoire
Détricoté les heures
Que tu tissais à croire
Qu’on collait au malheur
J’ai balayé les soirs
Si tu te noies je meurs
De chagrin dans le noir
Emporté par tes pleurs

Et si de la nuit pâle tu as fait des soleils
C’est qu’au creux de mes bras, tu trouvais le sommeil

J’ai refermé l’armoire
Des amours la pâleur
Rangé tous nos déboires
Nos hontes et nos leurres
J’ai jeté dans la mare
Du titre les teneurs
La clé au laminoir
Je m’en vais au bonheur

Et si de la nuit pâle tu as fait des soleils
C’est qu’au creux de tes bras, j’ai perdu le sommeil

Un pays de lumière / Janvier 2012


La seule chose qui me rattache encore au passé, c’est la cigarette.
Je fume et ça fait le lien avec avant.
Avec moi.
Avant.
Je fume et c’est toujours moi.
Bien moi.
Je tire sur un clope et je me sens exister.
Entre deux tiges, je déambule.
Ici et maintenant.
Sans trop bien comprendre qui je suis.
Parce qu’avant, c’était pas ici.
C’était dans un pays de lumière.
Avant.
Une lumière éblouissante, indécente, brûlante, chaude, plus chaude que le bout incandescent de ma cigarette.
Quand j’aspire la fumée, c’est pour voiler la lumière, celle qui n‘est plus, celle étriquée qui me donne à béqueter quelques miettes de lumière, des restes de lumière, de ridicules déchets de lumière que je ne jette pas même au chien tant ils sont rares, ridicules.
Misérables déchets de lumière.
Inutile lumière, hideuse, inachevée qui referme la porte sur un gris de fumée, la mienne, celle que j’exhale voluptueusement pour me souvenir d’elle, éblouissante, indécente, brûlante, chaude, plus chaude que le bout incandescent de ma cigarette.
J’aspire le regret d’avant et je recrache.
Je recrache sur tous ceux qui m’emmerdent, ceux que ça dérange, la fumée…
J’adore ça, recracher la fumée en longues goulées voluptueuses dans leur face de rats bien-pensants que c’est mauvais pour la santé.
Ma santé ?
Elle s’en est allée avec la lumière.
Sans la lumière, la vraie, je ne marche pas, je tâtonne.
Je ne vois pas, je devine.
Je ne sens pas, j’imagine.
Je n’entends pas, assourdie par un cri tout dedans qui déchire mes tympans mais ne veut jamais expirer sinon au travers du filtre silencieux de la fumée.
Je rejette la fumée dans leur face de rats, les bienheureux qui n’ont pas ce besoin de lumière ni celui de l’ombre exquise qu’elle convoque aux heures les plus lourdes de l’été.
Les rats, ils n’ont pas mal à la lumière ni ne ressentent ce plaisir d’enfumer, de voiler leurs jours dans les délices d’une tige.
Quand ils toussotent discrètement, je m’enquiers d’eux.
C’est la fumée de ma cigarette ?
Alors, je fais mine d’ouvrir la fenêtre.
Non, rien à voir avec la fumée : ils ont encapé un rhume.
Ils redoutent bien plus le froid du dehors, l’air glacé de l’hiver que la fumée.
Ils ont peur de mourir.
Pas moi.
Ou alors seulement si on m’enterre ici, dans ce pays sans lumière.
Moi, je convoque la mort dès le lever.
Dès le lever, je fume et j’attends la lumière, celle qui ne vient jamais.
La lumière éblouissante, indécente, brûlante, chaude, plus chaude que le bout
incandescent de ma cigarette.

Le temps d'une rencontre avec Brigitte Fontaine... Octobre 2011


     « Chouette, je rentre à nouveau dans mon petit bustier ! Ça ira bien pour la rencontre. Et puis, il est assorti à mes sandales. Rouge. Est-ce que je suis rouge aussi ? Il fait une des ces chaleurs… Qu’est-ce que je vais lui dire ? Je vais la saluer, me présenter et après, on verra… » Il est 17h. Assis à la terrasse d’un troquet, mon époux et moi attendons devant une bière que sonne la demie. La rencontre a lieu au Théâtre Christian Liger de Nîmes où elle se produit en soirée, en compagnie d’Areski Belkacem et de Yann Pechin. Nous sommes en avance, ce jeudi 6 octobre 2011 et nous n’imaginons plus rien, épuisés d’avoir imaginé déjà tant et tant depuis que je sais être la lauréate du concours « Crash-Text ». Quelle histoire ! Quand je n’avais écrit ce texte que pour le « fun » - et aussi parce que je l’aime beaucoup, Brigitte Fontaine-, je me retrouvais maintenant à l’heure du fameux rendez-vous.
    Son régisseur vient nous chercher dans le hall du théâtre et nous conduit jusqu’à sa loge. Nous traversons la scène, enjambons des câbles, évitons les caissons des « retours », passons les lourdes tentures noires qui marquent la limite entre le monde du spectacle et celui du réel. Le réel est maintenant en face de moi. Brigitte Fontaine se lève et vient nous accueillir chaleureusement et simplement. Elle nous invite à partager sa loge et c’est assis que la conversation commence. Je lui dis tout l’honneur que ça a été pour moi... mon texte... et blablabla… L’entretien durera une trentaine de minutes. Nous parlerons de son spectacle, de son dernier album, des duos merveilleux qui le composent, de Bertrand Cantat à la voix si troublante, d’Arno, de Jacques Higelin, merveilleux Jacques Higelin et ami de toujours, d’Areski, son compagnon et compositeur de génie. De grands silences ponctuent cet échange qui me laissent mesurer combien ce moment est magique, fragile de simplicité, d’humilité, généreux et surréaliste. J’accepte la Craven A que Brigitte Fontaine me propose. Je fume avec volupté la cigarette mythique de la grande dame, en sa compagnie. Et puis, nous nous retirons, non pas à son invitation mais parce que nous sentons bien qu’elle n’est pas du genre à foutre les gens dehors, quand bien même elle doit se préparer pour le spectacle du soir... Nous nous embrassons, « je vous aime beaucoup » et voilà !
Les lectures et les chansons qu’elle donnera en spectacle, le soir même, nous raviront et nous remueront au plus profond.
    Sur le chemin de l’hôtel, nous ne disons rien, heureux d’avoir eu le privilège de rencontrer une femme à la générosité, à l’humanité et à la sensibilité peu communes. Une icône, Brigitte Fontaine ?
Plus simplement, une grande artiste.

samedi 17 mars 2012

Concours Crash-Text / BRIGITTE FONTAINE / mai 2011

Âme ma sœur âme  


Tu ne viens pas souvent traîner dans mes parages 
Tu préfères le vent de ton nouveau package
Brigitte, n’iras-tu donc plus vers moi libre et nue
Me chanter les orages et le vent et les nues ?

Je n’ai rien à répondre à cette voix sauvage
Je ne te dirai rien de ces lointains rivages
Je tairai mon enfance et les mots biscornus
Les courses sur la plage et les arbres tordus

Tu pourrais bien quand même me raconter ta rage
Me dire tes colères et tes rires en cage
Mais tu t’fous de ma gueule indomptable ingénue
Tu t’arranges les couettes mais le drink tu l’as bu

Je ne m’adresse plus qu’à quelques fleurs du large
Les dance floor ne sont pas pour les fous ni les barges
Mais pour les libellules qui vont toujours leur mue
Sur le dos un chandail et des soies par dessus

Tu m’agaces Brigitte, tu me bats à la nage
Tu parles, te déplaces comme une reine mage
Vas-tu enfin parler avant que je te tue
Tu rechignes à me dire quand tes mots courent les rues

Je ne parlerai plus qu’en présence d’un sage
J’emporte, ma Brigitte, ton cœur d’enfant têtu
Et je n’oublierai pas ta voix dans mon bagage
Ni les feux de ton âme si près de moi tenus
Mais je n’ai plus le temps et je n’en vais sans âge
Dans la nuit qui m’attend, salle des pas perdus
Te libérer, Brigitte, et sous un ciel d’orage
Retrouver les soleils de mon île perdue


Concours Crach-Text /Brigitte Fontaine
http://www.welovewords.com/contests/le-crash-text



Organisation du Concours : Universal Music, organise avec WeLoveWords un concours d’écriture,


 "Crash Text" qui rassemblera des écrivains, des auteurs et des internautes

Description du concours :
”Elle est unique mais double. Elle l’écrit : “L’un ne va pas sans l’autre”.
Brigitte Fontaine est son propre alter ego. 
Ce qui ne l’empêche pas d’avoir trouvé hors d’elle des moitiés fidèles, dont Jacques Higelin avec qui elle interprète sur son nouvel album un magnifique titre.
Sur le principe de ce "DUEL", écrivez un texte à deux voix qui fasse des étincelles, un texte accidenté dans lequel les mots s’entrechoquent.
Respectez la forme d’un duo et ne dépassez pas 2500 signes.

Jury :

Brigitte Fontaine
Lauréat du concours:Zinzinette alias Françoise Morel pour le texte "Âme ma soeur âme"
http://www.welovewords.com/documents/ame-ma-soeur-âme