« Chouette,
je rentre à nouveau dans mon petit bustier ! Ça ira bien pour la rencontre.
Et puis, il est assorti à mes sandales. Rouge. Est-ce que je suis rouge
aussi ? Il fait une des ces chaleurs… Qu’est-ce que je vais lui
dire ? Je vais la saluer, me présenter et après, on verra… » Il est
17h. Assis à la terrasse d’un troquet, mon époux et moi attendons devant une
bière que sonne la demie. La rencontre a lieu au Théâtre Christian Liger de
Nîmes où elle se produit en soirée, en compagnie d’Areski Belkacem et de Yann Pechin.
Nous sommes en avance, ce jeudi 6 octobre 2011 et nous n’imaginons plus rien,
épuisés d’avoir imaginé déjà tant et tant depuis que je sais être la lauréate
du concours « Crash-Text ». Quelle histoire ! Quand je n’avais
écrit ce texte que pour le « fun » - et aussi parce que je l’aime
beaucoup, Brigitte Fontaine-, je me retrouvais maintenant à l’heure du fameux
rendez-vous.
Son régisseur
vient nous chercher dans le hall du théâtre et nous conduit jusqu’à sa loge.
Nous traversons la scène, enjambons des câbles, évitons les caissons des
« retours », passons les lourdes tentures noires qui marquent la
limite entre le monde du spectacle et celui du réel. Le réel est maintenant en
face de moi. Brigitte Fontaine se lève et vient nous accueillir chaleureusement
et simplement. Elle nous invite à partager sa loge et c’est assis que la
conversation commence. Je lui dis tout l’honneur que ça a été pour moi... mon
texte... et blablabla… L’entretien durera une trentaine de minutes. Nous
parlerons de son spectacle, de son dernier album, des duos merveilleux qui le
composent, de Bertrand Cantat à la voix si troublante, d’Arno, de Jacques
Higelin, merveilleux Jacques Higelin et ami de toujours, d’Areski, son
compagnon et compositeur de génie. De grands silences ponctuent cet échange qui
me laissent mesurer combien ce moment est magique, fragile de simplicité,
d’humilité, généreux et surréaliste. J’accepte la Craven A que Brigitte
Fontaine me propose. Je fume avec volupté la cigarette mythique de la grande
dame, en sa compagnie. Et puis, nous nous retirons, non pas à son invitation
mais parce que nous sentons bien qu’elle n’est pas du genre à foutre les gens
dehors, quand bien même elle doit se préparer pour le spectacle du soir... Nous
nous embrassons, « je vous aime beaucoup » et voilà !
Les lectures et les chansons qu’elle donnera en spectacle,
le soir même, nous raviront et nous remueront au plus profond.
Sur le chemin de
l’hôtel, nous ne disons rien, heureux d’avoir eu le privilège de rencontrer une
femme à la générosité, à l’humanité et à la sensibilité peu communes. Une
icône, Brigitte Fontaine ?
Plus simplement, une grande artiste.
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